Le sacrifice des familles de militaires à Noël

 


#Ortf NewsNi gloire ni médailles pour ces oubliées de la grande muette, et souvent peu de reconnaissance et de gratitude. Alors que nombre de familles françaises se retrouvent pour Noël, certaines sentent encore un peu plus le poids de l’absence : ce sont les familles des militaires en mission. Des parents, des épouses, des enfants de militaires qui ont le cœur à la fête et un peu serré. Ce sont en majorité des femmes qui attendent et servent de base arrière (82,7 % des militaires sont des hommes, selon le ministère de la Défense), des femmes qui, comme leur mari, leur fils ou leur père, connaissent la valeur du devoir et du sacrifice et méritent, elles aussi, de la reconnaissance.

Les oubliées de la grande muette

Au début du mois de décembre, et à deux reprises, Melania Trump a rendu hommage aux familles de militaires : le 8 décembre, elle les remerciait « au nom de la nation », reconnaissant que « [leur] force face à l’adversité est exemplaire ». Et le 1er décembre, déjà, elle leur avait adressé quelques mots : « Nous parlons régulièrement du courage de nos militaires, et nous avons raison de le faire », a-t-elle dit. « Mais nous devons également mettre en lumière le courage de ceux qui marchent à leurs côtés, les conjoints qui portent le poids de la vie familiale en plus de leurs propres rêves. » L’Amérique est sans nul doute plus patriote que la France et les Américains plus conscients des sacrifices consentis à la fois par les militaires mais aussi par leurs familles pour leur pays — mais les familles françaises n’en sont pas moins méritantes.

Selon le ministère de la Défense« près de 30.000 militaires français sont actuellement engagés dans diverses missions à travers le monde ». C’est autant de familles amputées d’un des leurs, le jour de Noël. Alors que certains agissent pour compenser, auprès des forces armées, l’éloignement de leur foyer, les familles qui attendent sont souvent les petites oubliées de la grande muette. Le Figaro racontait, l’année dernière, que chaque année, l’association Solidarité Défense envoyait un cadeau aux soldats en opérations extérieures ou intérieures, mais leur famille, elles, n’ont ni la gloire, ni les médailles, et peu voire pas de reconnaissance.

Fierté et sacrifice

Pourtant, on ne les entend ni se plaindre ni récriminer. Albane P. est mariée à un officier qui est en mission Sentinelle pour Noël. Pour elle et ses deux garçons, « c’est un sacrifice douloureux que fait une famille en se quittant à cette période, mais [ils savent] également que c’est nécessaire et que cela fait partie de la mission du militaire. » Le soir de Noël, quand elle et ses enfants iront à la messe de minuit sans lui, son mari sera en patrouille pour permettre à d’autres familles de se retrouver et de fêter Noël en sécurité. Le mari de Pauline S., lui, est à l’étranger, en opération extérieure, et il rentrera dans quelques mois, juste à temps pour la naissance de leur troisième enfant. Elle explique à BV que « cette absence existe, elle s’impose, et elle fait partie de notre réalité. À travers l’Histoire, de nombreuses familles ont connu des Noëls sans mari ni père, et je m’inscris humblement dans cette longue cohorte de femmes qui ont tenu ce qu'on appelle entre nous "la base arrière" pendant que leur mari servait ailleurs. » Alors, elle explique à « [s]es enfants, [que] même absent physiquement, leur père reste présent dans [leurs] paroles, dans [leurs] gestes, dans [leurs] prières »« Je leur rappelle qu’il pense à nous et que son absence n’est pas un choix personnel, ajoute-t-elle, il sert son pays. J’essaie aussi de nourrir chez eux une fierté juste, de leur montrer que leur papa est un homme engagé, courageux, au service des autres. À Noël, nous confions cette absence et les sacrifices qui en découlent au Petit Jésus de la crèche pour donner du sens à ce que nous vivons. » Il n’empêche que, même si elle fête Noël chez ses parents, « il y a un vide, une absence qui se fait particulièrement sentir à cette période de l’année et que nous apprenons à porter ».

Caroline A. est la mère d’un jeune militaire, engagé à 19 ans. C’est elle qui l’avait accompagné au CIRFA, explique-t-elle à BV, parce que l’essentiel pour elle est que son fils soit heureux. Pourtant, cela fait deux ans qu’il a rejoint son régiment, et c’est le deuxième Noël qu’elle passera sans lui. Chez eux, « les fêtes de famille sont très importantes, surtout Noël », mais, l’année dernière comme cette année, quand Caroline ira à la messe de minuit, c’est avec « un vide ». Elle s’inquiète pour lui, explique vivre avec son téléphone en permanence à proximité et être plus attentive qu’avant aux informations. L’année dernière, le sapin était resté, clignotant dans le salon jusqu’au retour de son garçon, un « festin de Noël prêt dans le congélateur » pour que celui-ci puisse en profiter même si la festivité est un peu anachronique. Cette maman s’adapte et consent à tous ces sacrifices parce qu’elle est fière de son fils qu’elle sait heureux, même s’il lui a dit que, si besoin, il ira jusqu’au sacrifice ultime.

Pour que les Français puissent se retrouver, fêter ensemble Noël, d’autres sacrifient ces moments privilégiés, souvent sans reconnaissance et sans gratitude. Cette année, BV souhaite un Joyeux Noël et remercient sincèrement ces oubliés de la grande muette.

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