Musiciens, peintres ou écrivains, ce que Noël leur doit
#Ortf News : G. de La Tour a représenté la Nativité avec des jeux d’ombre et de lumière qui rendent la scène intime et silencieuse. Charpentier, Berlioz, La Tour, Gauguin, Chagall, Matisse, Claudel, Péguy, Hugo… ont tous révélé une part de leur génie en magnifiant la naissance du Christ. Six à sept siècles avant sa naissance, les prophètes Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel avaient annoncé la venue de Jésus. Aujourd’hui, vingt et un siècles plus tard, le monde chrétien (deux milliards et demi de croyants) fête toujours cette naissance en attendant son retour. C’est au IVe siècle, sous le règne de Constantin, premier empereur romain converti au christianisme, que la naissance de Jésus-Christ est officiellement fixée au 25 décembre. Cette date correspond aux festivités païennes du solstice d'hiver. Elle a été choisie pour faciliter son adoption par la population.
Sans Noël, pas d’espérance
Le christianisme commence d’une manière très humble : par une nativité. Et non par une victoire militaire, ni par la construction d’un palais, mais par la naissance d’un enfant dans une étable. Cette scène simple porte un message, celui de l’espérance et de la paix offertes à toute l’humanité.
La crèche, symbole de paix
Au XIIIe siècle, cette espérance prend une forme visible avec les crèches : saint François d’Assise aurait créé la première crèche vivante pour rendre l’histoire compréhensible par tous, même les gens les plus simples. Depuis, elles se sont multipliées dans les maisons, les églises et les villages. Elles racontent Noël avec des figurines, de la paille, des lumières. En Provence, les santons ajoutent une dimension unique : on y voit le boulanger, le berger, le pêcheur, la lavandière… tout un peuple est invité autour de l’enfant Jésus. Noël devient ainsi une fête populaire, enracinée dans la vie quotidienne.
Ces plus beaux chants qui traversent les siècles
Les chants de Noël prolongent cette magie. Chrétiens ou non, tout le monde les aime. Ils sont souvent simples, faciles à retenir, transmis de génération en génération et traduits dans tout l’Occident, puis au-delà. Il est né le divin enfant, Entre le bœuf et l’âne gris ou Minuit chrétien, Douce Nuit » parlent de paix, de joie et de don. Ces chants sont parfois nés dans des contextes modestes : une école de village, une paroisse, une famille. Pourtant, ils ont traversé les frontières et le temps. Chanter Noël, c’est partager une émotion commune, même sans parler la même langue.
Musique, peinture, écriture
Noël a aussi nourri le génie de grands musiciens français. Marc-Antoine Charpentier a composé des œuvres de Noël pleines de lumière et d’élan. Hector Berlioz, compositeur romantique, a marqué l’histoire de la musique par son approche audacieuse et émotionnelle. Son œuvre L’Enfance du Christ (1850-1854) est une trilogie sacrée qui revisite la Nativité avec une originalité saisissante. Il y mêle orchestration riche, mélodies lyriques et une narration dramatique, loin des conventions religieuses de son époque.
Berlioz utilise des harmonies audacieuses et des effets orchestraux inédits pour évoquer la spiritualité de Noël, comme dans L’Adieu des bergers, où la simplicité pastorale contraste avec des moments de grandeur symphonique. Il donne une dimension humaine et intime à l’histoire de la Nativité, en insistant sur l’émotion plutôt que sur le dogme. Sans parler des plus grands compositeurs d’Europe : Mozart, Bach, Haendel, Vivaldi…
Humanisation du sacré
En peinture, Georges de La Tour a représenté la Nativité avec des jeux d’ombre et de lumière qui rendent la scène intime et silencieuse. Peintre du XVIIe siècle, il est connu pour ses scènes nocturnes éclairées à la bougie, où cette lumière devient symbole de spiritualité. Ses tableaux sur la Nativité, comme L’Adoration des bergers (1644), sont des chefs-d’œuvre de réalisme et de mystère. Gauguin, Chagall, Matisse et tant d’autres ont donné corps au mystère de Noël sur une toile.
Langage accessible et profond
En littérature, des écrivains comme Paul Claudel ou Charles Péguy ont écrit des pages profondes et sensibles sur l’enfance, la foi et l’espérance. À l’instar de Victor Hugo, dans certains poèmes, Péguy évoque la douceur et le mystère de Noël. Poète et écrivain du début du XXe siècle, son génie réside dans sa capacité à mêler foi, poésie et humanité. Péguy recourt à un style simple, presque oral, pour parler de l’Incarnation, rendant le mystère de Noël proche de chacun. Ses vers libres et ses répétitions créent une musicalité unique.
Ainsi le christianisme se déploie-t-il à partir de Noël : une fête simple, populaire et universelle. Elle parle au cœur et nourrit la « foi du charbonnier » avant de parler à l’intelligence, illustrant cette magnifique parole de l’Évangile : « Tu l’as caché aux sages et aux savants, et révélé aux tout-petits. » Par les crèches, les chants, les santons et les œuvres d’art, Noël rappelle que la paix et l’espérance peuvent naître de la fragilité. Et c’est peut-être là sa plus grande force.

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